L'espace de documentation sur l'agriculture,
pour vous aider sur votre exploitation !
L’espace de documentation, 100% gratuit,
pour vous aider sur votre exploitation !
Tavelure du pommier et du poirier : comment protéger vos vergers ?
La tavelure est une maladie qui touche surtout les arbres fruitiers. Si rien n’est fait pour protéger vos vergers, cette dernière peut entraîner jusqu’à 70% de pertes de rendement. Dans ce guide, on vous explique comment reconnaître la tavelure du pommier et du poirier, et quels sont les traitements efficaces.
Qu’est-ce que la tavelure ?
La tavelure est une maladie cryptogamique (comme le mildiou et l’oïdium), c’est-à-dire qu’elle est causée par des champignons : Venturia inaequalis pour le pommier et Venturia pyrina pour le poirier.
Ces derniers appartiennent à la famille des Ascomycètes, qui se caractérise par la formations de spores à l’intérieur des asques, des cellules qui ont une forme cylindrique ou globuleuse.
La tavelure est l’une des principales maladies sur les pommiers, et ses dégâts sont souvent considérables, pouvant détruire une partie ou la totalité d'une culture de pommes ou de poires. Cela dit, ces champignons peuvent également affecter d’autres arbres fruitiers, comme les pêchers ou les pruniers.
Conditions favorables
Les champignons responsables de la tavelure du pommier et du poirier apprécient les conditions humides et pluvieuses. Leur développement est freiné pendant l’hiver, mais reprend lorsque les températures remontent (entre 7 et 25 °C).
Certaines variétés de pommiers et de poiriers sont plus ou moins sensibles à la tavelure. La présence de débris végétaux sur la parcelle accroît également les risques, car c’est là que le champignon se réfugie en hiver.
Enfin, les feuilles et les fruits sont plus vulnérables pendant les périodes de croissance rapide, et notamment au printemps. Une fois matures, en revanche, ces organes deviennent plus résistants à la tavelure.
Cycle de vie
Le champignon responsable de la tavelure du pommier et du poirier se reproduit pendant l’automne, après la chute des feuilles. Il entre ensuite en dormance pendant la période hivernale.
Puis, au printemps, lorsque les températures commencent à remonter, ce pathogène produit des spores. On appelle ces dernières les ascospores. Une fois arrivées à maturité, les spores sont dispersées par la pluie et le vent.
Lorsque ces spores entrent en contact avec les feuilles ou les fruits des arbres de vos vergers, elles commencent à germer et un mycélium se développe. Il s’agit de l’appareil végétatif du champignon.
Cette période de développement de la tavelure du pommier et du poirier correspond à ce qu’on appelle l’infection primaire. Elle dure environ 8 semaines et se termine le plus souvent vers la fin du mois de juin.
Un nouveau cycle de contamination débute alors, car le mycélium produit un autre type de spores : les conidies. Ces dernières, lorsqu’elles sont dispersées par la pluie et le vent, se déposent sur de nouveaux fruits et feuillages.
Elles germent à leur tour et produisent à nouveau un mycélium. Si rien n’est fait pour enrayer la maladie et que les conditions sont propices à son développement, ces infections secondaires peuvent se prolonger tout l’été.
Quels sont les symptômes de la tavelure du pommier et du poirier ?
La tavelure se traduit par l’apparition de petites tâches foncées sur les feuillages des arbres fruitiers. Le plus souvent, ces dernières se forment sur la face supérieure des feuilles. Elles sont claires et irrégulières dans un premier temps.
Puis, à mesure que la maladie progresse, leur forme devient plus définie. Les tâches prennent alors une teinte plus sombre et ont un aspect velouté. Les feuilles les plus atteintes peuvent se dessécher et tomber de l’arbre.
Ce champignon pathogène s’attaque également aux fruits (pomme, poire...). Une fois contaminés, des tâches noirâtres apparaissent, ainsi que des déformations et des crevasses. Ils deviennent alors impossibles à commercialiser.
Enfin, les fleurs et les bourgeons de la plante peuvent également être impactées par cette maladie cryptogamique. Là encore, on remarque l’apparition de tâches, ainsi que des coulures, voire un dessèchement de la fleur.
En résumé ? La tavelure est la pire maladie fongique pour les pommiers et les poiriers, car elle est fréquente et impacte les rendements à plusieurs niveaux. Ce ravageur provoque en effet des pertes de tonnage et de calibre.
Mais pas seulement. Les fruits sont également déclassés, et comme le champignon s’attaque aussi aux feuilles et aux fleurs, des dernières peuvent tomber, ce qui affaiblit l’arbre et restreint les futurs rendements.
Quels traitements contre la tavelure du pommier et du poirier ?
Pour lutter contre la tavelure du pommier ou du poirier et protéger votre récolte, vous pouvez activer plusieurs leviers agronomiques, comme la taille, avec des traitements à base de fongicides chimiques ou de produits de biocontrôle.
Les leviers agronomiques
Pour prévenir l’apparition de la tavelure du pommier et du poirier ou limiter le développement de cette maladie fongique dans vos vergers, plusieurs leviers agronomiques peuvent être combinés :
- Choix variétal : certaines variétés sont plus sensibles que d’autres aux attaques de la tavelure. Privilégiez si possible une variété résistante pour limiter les risques de contamination sur vos parcelles
- Gestion des débris : le champignon s’abrite dans les débris végétaux pendant l’hiver. Avant le débourrement, broyez par conséquent les résidus de cultures présents sur la parcelle pour réduire la quantité d'inoculum
- Taille des arbres : taillez vos arbres régulièrement pour laisser passer le soleil et le vent, ce qui permet de réduire l’humidité dans les feuillages, propice au développement de la tavelure
- Application d’urée : l’urée est efficace contre la tavelure lorsqu’elle est appliquée au printemps ou à l’automne. Ce traitement interfère avec le développement du champignon et accélère la dégradation des feuillages au sol, ce qui limite les risques de contamination
Les fongicides chimiques
Les fongicides chimiques sont une solution (très) efficace pour lutter contre la tavelure du pommier et du poirier. Un positionnement préventif permet de limiter le risque de contamination dans votre verger.
Vous pouvez appliquer un fongicide de contact ou systémique de la famille des triazoles (par exemple) pour protéger vos arbres contre les attaques de ce champignon pathogène.
La lutte curative est également possible. Mais elle est moins efficace qu’une protection préventive comme l'application de purin d'ortie par exemple. Vous pouvez d'ailleurs consulter notre guide complet sur l'utilisation de purins en agriculture afin de tout savoir sur les traitements en prévention. Certaines solutions sont à la fois préventives et curatives, à l'instar de la bouillie bordelaise. Veillez à varier les modes d’action pour éviter l’apparition de résistances à vos produits phytosanitaires.
Les Bulletins de santé du végétal (BSV) vous permettent d’anticiper les risques de pluies contaminantes. Pour plus de précision, vous pouvez recouper ces informations avec les préconisations d’un outil d’aide à la décision (OAD).
Notre sélection de fongicides
Les fongicides biocontrôle
Pour finir, si vous êtes en agriculture biologique ou que vous souhaitez une alternative plus écologique que les produits phytopharmaceutiques conventionnels, vous pouvez vous tourner vers des solutions de biocontrôle.
Il en existe plusieurs. La plupart de ces produits sont à base de soufre ou de bicarbonate de potassium, une substance naturelle également connue sous le nom d’hydrogénocarbonate de potassium.
Ce sel basique, incolore et inodore constitue en effet un fongicide naturel efficace contre plusieurs champignons, parmi lesquels on retrouve notamment l’oïdium, le mildiou, ainsi que la tavelure.
C’est une solution peu coûteuse, qui minimise votre impact sur l’environnement tout en réduisant votre indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires (IFT). Mais ces produits sont moins puissants que les fongicides de synthèse.
Ce qu'il faut retenir :
- La tavelure est une maladie cryptogamique qui touche surtout les arbres fruitiers, et notamment les pommiers et les poiriers
- Elle est causée par les champignons Venturia inaequalis (pommier) et Venturia pyrina (poirier)
- Cette maladie fongique rend les fruits impossibles à commercialiser et peut provoquer des pertes de rendements (jusqu’à 70%)
- Le champignon se développe surtout par temps humide, avec des températures entre 7 et 25 °C, et en présence de débris végétaux
- Les principaux symptômes sont l’apparition de tâches olivâtres (puis noires) sur les feuilles. Les fruits atteints sont crevassés et déformés
- L’agent pathogène à l’origine de la tavelure est en dormance pendant l’hiver. La contamination primaire a lieu au printemps
- Pour limiter les risques, vous pouvez choisir des variétés résistantes, éliminer les débris végétaux, tailler vos arbres, ou appliquer de l’urée
- Vous pouvez également pulvériser un fongicide chimique (en préventif ou en curatif) ou utiliser des produits de biocontrôle (soufre ou bicarbonate de potassium) pour lutter contre la tavelure
- D’autres outils existent pour vous aider à suivre le risque de maladie, comme les Bulletins de santé du végétal (BSV) et les outils d'aide à la décision