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Élevage

Paille agricole : ce qu’il faut savoir

Date de publication : 04/08/2023 Temps de lecture : 6 minutes

De par son utilisation multiple dans le monde agricole et au-delà, la paille est une ressource très convoitée qui est récoltée durant la période des moissons. Utilisée depuis des siècles, elle trouve aujourd'hui de nouvelles applications durables, contribuant à la préservation de l'environnement tout en conservant son utilité primaire. Mais de quoi est-elle composée ? Comment se fait la paille ? Quels sont ses bénéfices et son impact environnemental ?

Définition de ce qu’est la paille

La paille désigne la section des tiges de certaines graminées, connues sous le nom de céréales à paille. Ce fourrage est récolté lors des battages et abandonné sur le champ, dépourvu de grains, par la moissonneuse-batteuse, prenant la forme d'andains. Il arrive parfois que la paille soit simplement broyée et laissée au sol dans un objectif de production d’humus sur une parcelle, mais elle est bien souvent récoltée pour plusieurs utilisations que vous retrouverez plus bas. Mais bien souvent, elle est transformée en botte de paille ou ballot de paille. Le poids de la botte de paille peut varier selon sa forme et sa taille.

Les différents types de paille

En France, on assimile souvent la paille comme la tige du blé uniquement. Mais il existe en réalité différents types de paille : 

  • La paille de blé comme évoqué ci-dessus. Cette paille est la plus connue. Le grain de blé est récolté et est utilisé différemment selon ses caractéristiques (farine de blé pour le pain, confection des pâtes, nutrition animale…). La paille de blé désigne la partie de la tige restante une fois que les grains sont récoltés. Plusieurs utilisations peuvent en être faite et sa collecte s’effectue généralement en juillet en France, selon la période des moissons.
  • La paille d’orge est récoltée généralement quelques semaines avant la paille de blé, avec qui elle partage des propriétés similaires. Sa structure fibreuse et sa capacité d'absorption en font un matériau polyvalent, apprécié pour sa durabilité et son impact environnemental réduit.
  • La paille de triticale est issue d’une culture céréalière développée pour combiner les caractéristiques bénéfiques du blé et du seigle.
  • La paille de seigle reprend le même principe que les 3 types de paille présentés auparavant. Sa récolte diffère selon l’espèce, allant de fin mai à début août si elle est récoltée comme céréale.
  • La paille de riz, résidu agricole fibreuse issue de la récolte du riz, correspond à la partie inutilisable de la plante céréalière. Moins répandue en France, elle peut être utilisée comme isolant notamment.

Comment se fait la paille ?

La paille de céréales est considérée comme prête à être récoltée lorsque les céréales atteignent leur maturité. La maturité des céréales varie en fonction de l'espèce et des conditions de croissance, mais en général, elle est déterminée par l'observation des caractéristiques suivantes :

  • Couleur des grains : Les grains doivent avoir atteint leur couleur caractéristique, qui varie selon l'espèce, par exemple, le jaune doré pour le blé ou le brun pour l'orge.
  • Dureté des grains : Les grains doivent être durs et résistants à la pression entre les doigts. Ils ne doivent plus être mous ou laiteux.
  • Teneur en humidité : La teneur en humidité des grains est un facteur critique pour la récolte. La paille est prête à être récoltée lorsque la teneur en humidité des grains est suffisamment basse : elle ne doit pas dépasser les 15 % pour le blé par exemple. Ce test est effectué via un  humidimètre sur un échantillon d’une parcelle
  • Perte de poids des grains : Les grains doivent avoir atteint leur poids maximum et ne doivent plus augmenter de poids. Cela indique que les céréales ont accumulé suffisamment de réserves nutritives. C’est le terme de Poids Spécifique qui est généralement utilisé ici. Il est très important puisqu’il est un facteur déterminant du prix de vente des céréales. Son calcul se fait par l’intermédiaire d’un contrôleur de poids spécifique.

Après la moisson, la paille est généralement laissée sur le champ sous forme d'andains, où elle sèche au soleil pendant quelques jours. Cette étape de séchage est très importante, pour éviter les risques de combustion lors du stockage. Le taux d’humidité de la paille ne doit pas dépasser 20 %. Pour vérifier cela, il convient d’utiliser une sonde. Ensuite, la paille peut être ramassée et stockée pour diverses utilisations.

Selon l'usage prévu, la paille peut être broyée ou laissée sous sa forme initiale. Le broyage peut améliorer sa maniabilité et son utilisation dans certaines applications. La qualité de la paille dépend donc de facteurs tels que l'espèce de céréales, les conditions de croissance, la récolte (le taux d’humidité et la chaleur notamment) et de ses conditions de stockage. Une bonne gestion de ces étapes garantit une paille de haute qualité, durable et adaptée à ses diverses applications. Une moisson en période de chaleur trop intense donnera une paille broyée par exemple, qui tiendra moins longtemps comme litière.

Les machines pour travailler la paille

Plusieurs engins agricoles sont utilisés pour récolter et transformer la paille jusqu’à son stockage :  La moissonneuse-batteuse est utilisée, comme son nom l’indique, à la période des moissons. La machine permet de séparer les grains de la tige, cette dernière ressortant en andin comme expliqué auparavant.

La presse à balles intervient ensuite. En passant sur l’andin et selon des paramètres pré établis, des balles de paille sont réalisées selon les souhaits de stockage et de redistribution ensuite.  Enfin, lorsque la paille est suffisamment sèche, l’éleveur utilise un plateau afin de transporter les balles de paille du champ au lieu de stockage.

presse a balle dechargeant les balles de foins

Utilisations et bénéfices de la paille

La paille est généralement conservée par les agriculteurs. Selon son exploitation, celui-ci peut ensuite décider de la conserver ou de la revendre, pour diverses utilisations.  Généralement, la paille est bottelée et stockée sous forme de balles de paille, au format carré ou rond, par la presse à balles. Le liage sera fait sous forme de film, ficelle ou filet selon la qualité de la paille. Il est généralement conseillé d’utiliser un filet pour de la paille broyée.

Voici les principales utilisations et bénéfices de la paille, après sa récolte : 

  • La paille en agriculture sert le plus souvent comme litière animale lorsque les animaux sont en bâtiment. Cela s’adresse à une grande majorité d’élevage : porcin, bovin, ovin, gallinacés... Cette litière est particulièrement appréciée pour le bien-être animal. Les bâtiments doivent ensuite être curés régulièrement, les déjections des animaux étant faits directement sur la paille. Ce mélange crée du fumier, épandu dans les champs ensuite et garantissant la fertilité des sols. Mais la paille ne se limite pas qu’à sa qualité de litière dans le monde agricole. Elle est parfois utilisée pour nourrir les animaux, si sa qualité est suffisamment bonne, pour pallier le manque de foin ponctuel par exemple. Malgré tout, la paille est moins digeste. Il est conseillé d’y ajouter des concentrés azotés comme le tourteau de soja ou des solutions liquides comme la mélasse pour répondre aux besoins du bétail. La composition en sucre de la mélasse vient en effet donner plus d’appétence à la paille pour les animaux.
  • La paille comme matériau de construction écologique. Utilisée principalement pour construire des maisons en ballots de paille, elle offre une excellente isolation thermique, régulant naturellement la température intérieure des bâtiments. Sa capacité à retenir la chaleur en hiver et à maintenir la fraîcheur en été réduit la dépendance aux systèmes de chauffage et de climatisation énergivores, contribuant ainsi à une empreinte carbone réduite. Cette approche respectueuse de l'environnement gagne en popularité et encourage le développement d'habitations durables, alliant performance énergétique et impact environnemental positif.
  • La paille est aussi utilisée en taxidermie, dans l’art et l’artisanat par exemple. Dans certaines cultures, la paille est tressée pour fabriquer des chapeaux, des paniers, des nattes et des tapis. Son utilisation dans l’art et l’artisanat reste marginale par rapport aux deux principales utilisations évoquées auparavant.

Quelle est la différence entre le foin et la paille ?

Si le foin et la paille sont parfois confondus, ils n’ont en réalité pas grand chose en commun. Leur utilisation et leurs caractéristiques sont bien différentes.

  • 1. Le foin est constitué d'herbes séchées, tandis que la paille est composée des tiges des céréales telles que le blé, l'orge, l'avoine et le seigle. 
  • 2. La paille est une plante annuelle, contrairement au foin, qui est pluriannuel.
  • 3. La paille est majoritairement utilisée comme litière animale, là où le foin est utilisé comme aliment. En effet, le foin est beaucoup plus digeste et plus riche en matière azotée, ce qui explique que l’agriculteur favorise cette plante pour nourrir ses bêtes.
  • 4. La paille est généralement de couleur jaune alors qu’on assimile au foin la couleur verte.

Pour bien faire une différence entre la paille et le foin, il faut retenir que la paille sert en majorité comme litière animale, là où le foin est utilisé comme aliment.

La paille et son impact environnemental

La paille récoltée aura forcément des rendements différents si elle est de nature biologique ou si l’agriculteur possède une exploitation traditionnelle. Une paille biologique aura des rendements sans doute moins élevés mais ne sera pas composée de pesticides ou autres composants chimiques utilisés dans le cadre d’une agriculture conventionnelle.

Il faut savoir qu’aujourd’hui, la réglementation française n'impose pas aux éleveurs qui ont choisi l’agriculture biologique de fournir de la paille bio pour la litière de leurs troupeaux. En revanche, ils n’ont pas le droit d’utiliser de la paille non biologique s’ils souhaitent s’en servir comme aliment.

Enfin, il faut savoir que l’épandage du fumier suit des règles strictes pour tous les éleveurs en France aujourd’hui, qu’ils possèdent une exploitation biologique ou non. Cette réglementation, que l’agriculteur suit à travers un cahier d’épandage, a été mise en place pour conserver la fertilité des sols et favoriser la biodiversité. La Direction Départementale des Territoires est amenée à contrôler les éleveurs pour vérifier le respect des normes du cahier d’épandage. Les apports en fertilisant, les zones mais aussi les périodes d’épandage sont ainsi surveillées et répertoriées dans le cahier d’épandage. Par exemple, il est interdit d’épandre à moins de 35 mètres d’un cours d’eau ou d’épandre sur des sols détrempés.